Come back,
par Pops
A dix-sept ans, Tom avait une vie que beaucoup qualifieraient de parfaite. Après un casting, il s'était retrouvé propulsé au cœur d'un boys band, et parcourait les villes du pays à bord d'un bus, avec les trois jeunes hommes qui étaient devenus ses meilleurs amis aux yeux des médias.
Tom était adulé par des dizaines, des centaines, des milliers de jeunes filles en effervescence. Sa vie était devenue un tourbillon de folie, et du haut de ses dix-sept ans, il se sentait totalement comblé, et ne pouvait rêver mieux.
Le jeune Tomi K, accompagné de ses trois acolytes, squattait les couvertures de magazines, les premières places des charts, les murs de nombreuses chambres, et le cœur de milliers d'adolescentes.
Chaque fois qu'il sortait dans la rue, il était assaillit par des hordes de fans en furie, cherchant à le prendre en photo, à capter un regard, ou un sourire. Toutes cherchaient à retenir son attention , et Tom avait donc vu passer devant lui devant lui de nombreuses paires de fesses et de seins.
Il était raconté dans tous les magazines que Tomi K avait l'habitude de prendre du bon temps avec ses groupies, et pourtant... Les groupies en question n'étaient pas si nombreuses, et étaient en réalité des hommes. Mais ça, c'était l'un des plus grands secrets de Tom Kaulitz.
La folie avait duré deux courtes années, avant que JJ, de son vrai nom Jerome Jarmi ne soit retrouvé mort d'une overdose. Le groupe B. Perfect disparut aussi vite qu'il était arrivé. Peut-être que finalement, ses membres n'étaient pas si parfaits que ça. Tom, Georg et Gustav, s'éloignèrent très rapidement des projecteurs, retombant dans l'anonymat le plus total.
[…]
Suite à cette erreur de parcours malencontreuse, Tom n'avait pas eu le courage de retourner au Lycée. Il avait tenté de prendre des cours de correspondance afin de passer son bac, ce qui n'avait malheureusement abouti à rien. Il n'avait même pas pris la peine de se présenter à l'examen, conscient qu'il n'avait pas le niveau.
Tom n'était pas idiot, loin de là. Les études ne faisaient juste pas partie de ses centres d'intérêts principaux. Il avait perdu contact avec Georg et Gustav, mais avait contre toute attente continué à jouer de la guitare. Personne ne l'avait jamais su puisque dans le « groupe » les garçons se contentaient de chanter et de danser, mais la véritable passion de Tom avait toujours été la guitare.
Avec l'aide de son manageur de l'époque, David, qui maintenant était le dirigeant d'une maison de disque, Tom était devenu producteur. Il avait produit de nombreux jeunes artistes, qui continuaient de cartonner d'années en années.
[…]
Tom avait finit sa journée depuis une petite heure. Assis sur un tabouret dans l'un des studios d'enregistrement, il grattait les cordes d'une guitare, fredonnant quelques paroles. Il sursauta en entendant le bruit d'une porte.
« Désolée, je venais juste récupérer mon écharpe... Je l'ai oublié tout à l'heure. »
Tom se mit debout, guitare à la main, en souriant à la jeune fille. Chloé avait vingt et un an, et depuis plusieurs mois déjà, ils travaillaient tous les deux ensembles sur le premier album de la chanteuse.
« C'était quoi? » demanda-t-elle.
« Quoi donc? » répondit Tom en posant la guitare contre le tabouret, se rapprochant de Chloé.
« Ce que tu jouais. »
« Oh... Non, c'était rien... » Répondit distraitement Tom en baissant la tête.
« C'est quelque chose que t'as composé? » interrogea Chloé.
« Laisses tomber! » grogna le guitariste.
« Oh allez Tomi... » Insista-t-elle.
« M'appelle pas comme ça putain! »
Ils restèrent silencieux quelques secondes, fixant le sol.
« Désolée » s'excusa finalement la petite blonde, osant relever la tête.
« Pas grave » répondit Tom.
Tom regarda Chloé quelques minutes. Elle avait les joues légèrement rougies, et le guitariste réalisa qu'elle était mal à l'aise. Malgré les années, il faisait toujours autant d'effet aux filles. Tom détestait toutes références à son passé, et il n'avait pas supporté la référence à son surnom de jeunesse. Tomi.
« C'est juste un truc comme ça qui me passait par la tête, rien d'important... » Avoua Tom, et la jeune fille retrouva son entrain habituel.
« Pourquoi tu te lances pas dans une carrière solo? » demanda la chanteuse.
« Parce que je... je peux pas » soupira-t-il.
Cette fois ci la jeune fille n'insista pas. Elle s'approcha de Tom, se mit sur la pointe des pieds, et déposa un baiser sur la joue du guitariste avant de quitter le studio, son écharpe à la main.
Tom soupira une nouvelle fois, marcha quelques pas, et se laissa tomber sur le canapé de l'autre côté de la vitre.
[…]
« Tomas? »
Tom se réveilla presque instantanément quand une main se promena sur son bras.
« Dave? » demanda-t-il en clignant des yeux. « Qu'est ce que tu fous là? » ajouta-t-il en se redressant.
« Qu'est ce que toi tu fous là? » interrogea David en souriant « Il est vingt et une heure passé »
« Oh merde, j'me suis endormi... » grogna Tom en se redressant.
« Allez viens, j't'invite à manger, faut que j'te parle d'un truc... »
« Ça doit être important si tu m'invites à manger » rigola Tom en attrapant sa veste.
Ils quittèrent tous les deux le studio, puis le bâtiment des locaux de la maison de disque. Ils se retrouvèrent quinze minutes plus tard, assis autour d'une table d'un petit restaurant sympa, sans prétention.
Ils discutaient de choses et d'autres, dégustant leurs plats.
« Tu m'as dit que tu devais me parler d'un truc, non? » demanda Tom, la bouche pleine.
« Oh... Ouais... » répondit David, semblant hésiter.
« Ben qu'est ce qui se passe, c'est si important que ça? » interrogea le guitariste.
« En fait, on m'a fait une proposition ces derniers jours, et je sais que j'aurais dû t'en parler avant, mais j'ai accepté... »
« T'as accepté quoi au juste? » soupira Tom.
« Tomas... » commença David sur un ton d'excuse.
« Dave! Dis-moi! » insista Tom.
« Y'a une soirée caritative, et j'ai accepté que B. Perfect remonte sur scène... »
« Hors de question! » grogna Tom sans même réfléchir.
« Tomi... »
« Putain, mais m'appelle pas comme ça en plus! » cria Tom en se levant d'un bond.
« Attends! » appela David alors que Tom quittait déjà le restaurant.
Tom ne se retourna pas. Il monta dans un taxi, et une fois chez lui, il retira sa veste et ses chaussures et se laissa tomber sur son lit.
[…]
Quand Tom se réveilla le lendemain matin, il avait les yeux rougis d'avoir trop pleuré cette vie passée. Il se leva la tête pleine de souvenirs, pleine d'image de ses anciennes fans, de Jérôme , et de Georg et Gustav. Il répéta machinalement sa routine habituelle, et après s'être lavé et habillé, il grimpa sur sa moto et se rendit au studio, s'arrêtant sur la route pour s'acheter de quoi petit déjeuner.
Il retrouva Chloé, et ils se mirent immédiatement au travail. Les heures passèrent, rythmées par les nouvelles chansons de Chloé, les paroles améliorées, et les mélodies légèrement modifiées. En fin d'après-midi, David pénétra dans le studio sans que Tom ne s'en aperçoive, et quand elle le vit, Chloé arrêta de chanter.
Tom se retourna, et se retint de toutes ses forces de crier sur son ex-manageur.
« Tomas, je sais que j'aurais pas dû accepter sans ton accord, mais s'il te plait, fais-le pour moi, on peut plus décommander... » Déclara David en s'approchant.
« C'est mort... »
« Tomas, s'il te plais... J'ai toujours tout fait pour toi... Et les deux G's ont accepté eux... »
« Tu les as vu? » demanda Tom surpris.
« Non, juste e-mail et téléphone... »
« Je suis désolé Dave, c'est pas possible. B. Perfect est mort en même temps que Jérôme . »
« Y'a une chose que tu sais pas Tom, c'est que les fonds seront reversés à un centre de désintoxication. J'te laisse y réfléchir, on en reparle demain » conclut David en quittant la pièce.
De l'autre côté de la vitre, Chloé était restée silencieuse, elle n'avait cependant loupé aucune miette de la conversation. Elle retourna dans la pièce principale, et s'assit précautionneusement sur le siège à côté de celui de Tom.
« Tu devrais accepter Tom » dit-elle doucement.
« Foutez-moi la paix, bordel! » s'énerva-t-il en donnant un coup dans la console devant lui.
Sans un regard pour Chloé, il quitta les locaux de la compagnie, et grimpa sur sa moto, pour regagner son chez lui. Il passa la soirée à écouter en boucle les deux albums de B. Perfect, les images de leurs concerts, de la vie dans le bus, des promotions, et de tout le reste flottant encore et encore dans son esprit.
Même s'ils ne s'étaient jamais rencontrés avant de former B. Perfect, Tom et Jerome étaient très vite devenus très proche. Le feeling était directement passé entre eux, et c'est ce qui avait poussé les producteurs à les choisir comme membres du groupe. Alors que Tomi et JJ occupaient le devant de la scène, les deux G's, eux aussi très proches l'un de l'autre, préféraient rester en retrait. Chacun avait trouvé sa place au sein du Boys Band, et l'entente était parfaite entre eux.
Tom et Jerome, attirés par la foule, la célébrité, les paillettes et tout le reste s'étaient laissé emporter dans les excès récurrents du métier. Tom avait vu Jerome s'enfoncer peu à peu dans la drogue, et il n'avait rien fait pour l'en sortir. Il n'avait rien fait.
[…]
Quand Tom poussa la porte du hall des studios le matin suivant, la première chose qu'il vit fut ses deux anciens acolytes assis dans le petit salon qui servait de salle de repos près de l'accueil. Il resta figé quelques secondes, et s'approcha timidement quand son regard croisa celui de Gustav.
Gustav donna un coup dans le bras de Georg, qui se retourna à son tour vers Tom. Le guitariste avait eu le temps de s'approcher, et ils se regardèrent tous les trois pendant de longues minutes. Il ne s'était plus revu depuis la fin brutale du groupe. Tom tendit finalement une main vers Georg, et juste après l'avoir attraper, ce dernier attira le corps de Tom contre le sien, dans une étreinte qu'il voulut viril, mais qui ne l'était plus réellement en raison des larmes qui coulaient sur leurs joues.
Georg lâcha finalement Tom, qui se tourna légèrement vers Gustav.
« Viens-là! » sourit le blondinet en écartant les bras.
L'étreinte dura quelques secondes, et ils s'installèrent finalement sur les canapés, la discussion s'engageant rapidement et naturellement. Tom apprit ainsi que Gustav était papa d'une petite Amélie. La mère de la petite fille l'avait quitté, mais ils étaient restés en bon terme. Georg était en couple avec une femme depuis deux ans, et ils avaient prévu de se marier d'ici quelques mois.
Ils étaient en train de parler quand David sortit de son bureau. Il se dirigea vers eux, et serra rapidement Georg et Gustav dans ses bras avant de se rassoir avec eux.
« Tomas? » demanda-t-il.
« Ouais ouais, c'est bon, j'accepte, mais il est hors de question d'enfiler des costumes ridicules et de danser... » Soupira le jeune homme.
« C'est okay... »
David était reparti après leur avoir expliqué les modalités d'enregistrement de l'émission, et les garçons avaient passé le reste de la journée ensemble, à se redécouvrir. Ils avaient longuement parlé du bon vieux temps, et Tom, huit ans après, commençait à faire son deuil.
La mort de Jerome avait été une perte énorme pour lui, et c'était lui le premier à avoir refusé de continuer B. Perfect sans lui. En ayant accepté de rechanter l'une de leur chanson, même si elle n'avait aucune valeur pour eux, Tom avait l'impression de trahir Jérôme, et de se trahir lui-même. Il avait du prendre sur lui pour accepter. Mais puisque les fonds seraient reversés à un centre de désintoxication, c'était une sorte d'hommage. Ils chanteraient cette chanson une dernière fois, pour lui. Et il avait pu renouer contact avec les deux G's, ce qui était un gain incommensurable pour lui.
[…]
L'enregistrement devait avoir lieu la semaine suivante, et les trois anciens membres de B. Perfect avaient pris congé auprès de leurs employeurs afin de répéter. Tom avait toujours été perfectionniste, et il voulait que cette performance d'adieu soit parfaite. Il avait voulu retravailler l'un de leur plus grands succès, pour l'adapter dans une version acoustique, plus belle, plus sincère.
Les garçons avaient passés de nombreuses heures ensembles, retrouvant leur complicité d'antan. Ce soir, ils étaient réunis chez Gustav, dans sa maison, autour d'un café, après avoir partagé un bon repas.
« Je dois y aller, Madleen m'attend » s'excusa Georg en se levant du canapé.
Gustav se leva à son tour pour une accolade, puis tous deux se tournèrent vers Tom, toujours assis sur le canapé.
« Tu m'en veux pas si j'me lève pas, j'voudrais pas la réveiller... » Chuchota Tom en passant son pouce sur la joue de la petite fille endormie, blottie contre son torse.
Depuis que Tom était entré dans sa vie, la petite Amélie s'était prise d'affection pour lui, et dès qu'elle le voyait, elle passait tout son temps collée à lui. Quand ils s'étaient assis dans le salon pour un dernier café, la petite avait immédiatement grimpé sur Tom, s'amusant en jouant avec ses tresses.
« Bon, ben à demain alors » souffla Georg. « Ce sera le grand jour... »
« Ouep » répondit Gustav en croisant ses bras sur son torse, signe de grande nervosité.
« T'inquiète Gus', ça va bien se passer... » le rassura Tom. « On est au point. Et Gé! Pas trop de folies cette nuit, faut quand même que tu sois en forme » se moqua Tom gentiment.
Georg se retourna vers lui, et lui adressa un signe de la main manquant grandement de classe avant de tourner les talons, lançant un « Va te faire foutre! » joueur.
Tom avait partagé son secret avec eux depuis de très longues années, et ils eurent tous les trois l'impression de replonger huit ans en arrière.
[…]
« Tomiiii! »
Tom se retourna vers la provenance du cri.
« M'appelle pas comme ça Clo'! Et puis qu'est ce que tu fais là? »
« Si y'a bien un jour où j'ai le droit de t'appeler comme ça, c'est aujourd'hui. Je suis venue t'encourager... »
« T'es trop chou » rigola Tom en la serrant dans ses bras.
« C'est le moins que j'puisse faire pour mon producteur préféré » sourit la jeune fille.
Ils se séparèrent l'un de l'autre, et Tom put admirer son tee-shirt.
« C'est quoi cette tenue? » demanda-t-il un sourire forcé sur le visage.
« Sois gentil, et laisse mon côté groupie tranquille Tomi... »
Chloé portait un tee-shirt rose fluo, à l'effigie de B. Perfect. Autour de la photo, on pouvait voir les quatre signatures des membres, et Tom resta bloqué quelques secondes sur les deux « J » accompagnés d'un petit cœur près de sa propre signature.
« Il était resté accroché au mur dans ma chambre chez mes parents. J'y suis retourné exprès pour aller le chercher... » rigola Chloé, et Tom lui adressa un minuscule sourire.
« Tomas, c'est bientôt à vous, il faut que t'ailles rejoindre les G's derrière la scène... » expliqua David en posant sa main sur l'épaule de Tom.
« J'vais m'installer dans le public, je ne manquerais ça pour rien au monde. Montre leur à tous de quoi tu es capables Tomi K! » déclara la jolie blonde avant de quitter la pièce.
Tom suivit David à travers les couloirs, et se retrouva face aux deux G. Ils hésitèrent quelques secondes, et Tom avança finalement sa main entre eux. Georg posa sa main sur la sienne, et la main de Gustav vint recouvrir celle de Georg. Tom approcha doucement sa deuxième main, et les deux autres acquiescèrent d'un léger signe de la tête. Il laissa reposer sa main sur les trois autres.
Ils le faisaient pour JJ. Ce soir, B. Perfect chanteraient pour la dernière fois.
Tom ferma les yeux, et en même temps que Gustav et Georg, il murmura « B. Perfect », avant de soulever ses mains au dessus de leur tête.
Après que le présentateur les ait annoncés, ils grimpèrent tous les trois sur scène. Tom avait sa guitare à la main, et il s'installa sur le tabouret du milieu, celui devant lequel reposait un micro à pied. Georg et Gustav, micro à la main s'installèrent chacun d'un côté de Tom.
Le silence se fit dans le public, et Tom commença à gratter les cordes de sa guitare. La mélodie emplit la salle, et ils chantèrent tous les trois en cœur pendant plus de trois minutes. Les voix de leurs fans de la première heure qui étaient dans la salle s'étaient mêlées aux leurs. Certaines formaient des coeurs à l'aide de leurs mains, d'autres brandissaient des briquets en l'air...
C'était magique, et Tom dut presque se retenir de pleurer. Tout le monde avait compris que B. Perfect ne rejoueraient plus jamais ensemble, et qu'ils faisaient enfin un adieu digne de ce nom à la scène, à la musique, à leurs fans.
[…]
La routine habituelle avait repris sa place dans la vie de Tom, à la seule différence que maintenant, il voyait Georg et Gustav très souvent. Il les avait invités ce soir à la petite soirée qui était donnée pour fêter la fin de l'enregistrement de l'album de Chloé.
Tom tenait Amélie dans ses bras, en discutant avec Madleen. Georg et Gustav avaient disparu depuis plusieurs minutes maintenant, et il n'avait aucune idée de l'endroit où ils pouvaient être.
« Dis-moi Tom » commença Madleen, « T'as jamais pensé à te caser pour avoir des enfants, fonder une famille? Quand j'te vois avec Mélie, la seule chose que j'me dis, c'est que tu ferais surement un super papa... »
« C'est vrai que j'adore les enfants, mais même si je me casais avec quelqu'un, je pourrais pas en avoir » répondit Tom tristement.
« Pourquoi? Tu as des problèmes de santé ou... »
« Mad, je suis gay! Georg te l'a pas dit? » Demanda Tom en rigolant.
« Oh... Je... Je savais pas... » S’excusa Madleen.
« En même temps, très peu de personnes sont au courant, seules celles en qui j'ai totalement confiance... »
« Tu me touches là » sourit la jeune femme.
Ils continuèrent de parler quelques minutes, et Georg, Gustav et Chloé les rejoignirent, les encerclant d'un coup.
« Rends-la moi, on doit te parler » déclara Gustav en tendant ses bras vers le petit corps endormi de sa fille.
« Allons nous asseoir, okay? » questionna Georg.
Ils s'installèrent tous sur les canapés, et Gustav prit la parole.
« Chloé nous a dit que tu continuais de composer... »
« Je... » commença Tom.
« Laisse-le finir! » intervint Georg.
« Et on a pas besoin de t'entendre pour savoir que c'est génial » continua Gustav. « Tout le monde devrait avoir la chance de pouvoir entendre tes chansons Tom... »
« On pense tous les trois que tu devrais les enregistrer, et remonter sur scène... » expliqua Georg.
« Ca fait plusieurs mois que j'te vois tous les jours Tom, et même si t'en a l'air, on sait qu'au fond t'es pas réellement heureux... » ajouta Chloé.
« Tu te trompes, j'adore être producteur! » répondit immédiatement le producteur.
« Je sais, je suis bien placée pour le savoir... Mais... Quand je t'ai vu sur scène la dernière fois, j'ai vu une étincelle briller au fond de tes yeux... Tu peux pas passer à côté de ton rêve comme ça... » répliqua la jeune fille.
Georg, Gustav et Chloé passèrent les heures suivantes à essayer de convaincre de Tom de se lancer dans une carrière solo, et après une très longue décision, Tom sembla enfin se laisser tenter...
« Mais... » commença-t-il.
« Oh allez Tom! Arrête avec tes mais! Te cherche plus d'excuses... » le coupa Georg.
« Et tu vas faire comment sans producteur? » demanda le guitariste à Chloé.
« On vient de boucler l'album je te rappelle, j'aurais pas besoin de producteur avant un long moment... Et je saurais me débrouiller, maintenant que tu m'as tout appris... »
« Alors? » demanda Gustav.
« Il faut que j'en parle avec David. »
[…]
Tom passa les mois suivants aux studios, terminant tous ses projets en cours. Il avait refusé de planter tous les projets sur lesquels il travaillait; d'une part, parce que cela lui aurait coûté très cher, et d'autre part, parce qu'il pouvait rester tard le soir, composant, peaufinant les mélodies et les paroles de ses chansons, enregistrant une maquette.
La porte du studio dans lequel il avait presque élu domicile s'ouvrit, laissant apparaître David.
« Tomas, tu pourrais venir dans mon bureau écouter de nouvelles maquettes, maintenant que t'as plus aucun artiste à produire... »
« Je... Ouais, bien sûr, d'ailleurs je dois te parler d'un truc »
Tom allait se lever pour suivre David, mais celui-ci vint s'assoir à côté de lui.
« J't'écoute... »
« Je voudrais arrêter de produire de... »
« Tu veux partir? » le coupa David.
« Non, laisse-moi finir... Je voudrais... En fait c'est Georg, Gustav et Chloé qui m'ont poussé... Je voudrais enregistrer mon propre album, et peut-être remonter sur scène... » Hésita Tom.
« Euh... Wow! Je sais pas quoi dire d'autre, tu me prends un peu au dépourvu là... » Répondit David.
« T'en penses quoi? » demanda Tom.
« Je sais que t'as du talent, c'est pas la question, mais je pensais pas que tu voudrais remonter sur scène un jour, et... »
« Tu penses que c'est une mauvaise idée? »
« Non, bien sûr que non, c'est génial! »
« T'es sérieux? » demanda Tom incrédule.
« Oui, évidement. Je sais que t'es fais pour la scène, si ça n'avait tenu qu'à moi, je t'aurais jamais laissé arrêter, j'voulais juste pas te bousculer... »
« Y'a autre chose que je voulais te demander... » déclara Tom.
« Quoi donc? »
« Je le ferais pas sans toi... Je sais que j'aurais pas le droit à l'erreur, et t'es le seul qui me laissera jamais faire n'importe quoi... »
« Tu veux que je produise ton album? C'est ça? » Demanda David.
« Ouais, et que tu redeviennes mon manageur... J'y arriverai pas tout seul... » Répondit Tom d'une petite voix.
« Oh... Euh... Ouais... »
« T'es d'accord? » redemanda le guitariste.
« Oui, oui, faut juste que j'règle plein de choses, et on pourra commencer à réfléchir au son que tu veux, et... »
« En fait j'ai déjà enregistré une maquette... » Expliqua Tom.
« Okay, ben vas-y, lance là, j'écoute... » Sourit David.
« Je préfèrerais que tu l'écoutes quand je serais pas à côté... » S’excusa Tom. « Je suis pas encore à l'aise avec tout ça » soupira-t-il.
« Okay, ben j'écouterais ça tout à l'heure alors » répondit David en se levant et en attrapant le CD que Tom lui tendait. « Tu devrais rentrer chez toi Tom, t'as l'air exténué... » Ajouta-t-il en quittant la pièce.
Tom inspira et expira très longuement après le départ de David. Il avait repoussé cette conversation au maximum, et aujourd'hui il n'avait pas pu reculer une nouvelle fois. Ca y est, la machine était lancée.
Tom attrapa sa veste, et l'enfila, plongeant sa main dans sa poche à la recherche de ses clés. Il sortit des locaux, et grimpa sur sa moto. Une vingtaine de minutes plus tard, il coupait le moteur en arrivant devant chez Gustav.
Il était à peine descendu de la moto, que la porte s'ouvrit sur Gustav, tenant une Amélie toute excitée dans ses bras. Il les rejoignit rapidement, et Gustav laissa la petite rejoindre les bras de son ami.
« Ne vient plus avec la moto, ça la rend dingue, et elle se met à crier des « Tooooom » suraigus dans toute la maison » rigola Gustav.
« C'est vrai ça jolie Mélie? » demanda Tom en embrassant la joue de la petite.
Elle gazouilla doucement, et Tom sourit en pénétrant dans la maison.
« Alors, qu'est ce qui t'amènes? » demanda Gustav en leur servant à boire.
« J'ai parlé à Dave et... »
« Ca y est? Wow! Si j'en avais en réserve, j'irais chercher une bouteille de champagne! »
« Calmes tes ardeurs, rien n'est encore fait, il a pas encore écouté la maquette... »
« J'me fais pas de soucis pour ça, cette maquette est géniale! » s'exclama Gustav.
« On verra ce qu'en dit Dave. Si pour lui c'est pas assez bien, je laisse tomber... » Soupira Tom.
[…]
Tom avait passé la nuit dans la chambre d'amis de chez Gustav, celui-ci ne l'ayant pas laissé repartir avec sa moto à une heure si avancée de la nuit. Il s'était levé tôt, avait été à la boulangerie la plus proche, et en avait ramené un sachet de viennoiserie qu'il déposa sur la table avant de rentrer chez lui.
Le jeune homme était passablement stressé et sur les nerfs depuis sa conversation de la veille avec David, et il sauta presque sur son téléphone quand celui-ci sonna.
« Oui? »
« Passe me voir à la première heure lundi matin okay? » demanda David.
« Oui oui, mais... »
David avait déjà raccroché.
Tom qui avait toujours son téléphone à la main appela Georg, et l'invita à passer chez lui. Il n'avait pas voulu débarquer chez lui à l'improviste, étant donné qu'il habitait avec Madleen. Il s'entendait plutôt bien avec la jeune fille, et ne voulait absolument pas que ça change.
Depuis que Georg et Gustav avait fait un retour fracassant et plein d'émotion dans sa vie, Tom se sentait enfin comblé et heureux. Et il n'aurait pu rêver mieux, jusqu'à ce qu'accompagnés de Chloé, ils lui mettent cette idée en tête.
Depuis, Tom avait travaillé d'arrache-pied. Pour ne pas décevoir ses amis, et pour redonner à sa vie un peu de piquant, un peu de l'adrénaline qui lui avait tant manqué depuis la fin de B. Perfect.
Georg arriva finalement, une petite demi-heure plus tard, et ils passèrent le reste de la journée ensemble, parlant de tout et de rien, traçant des plans sur la comète quant à l'avenir plus ou moins proche de Tom. Georg était surexcité de savoir que peut-être, bientôt, son ami allait enregistrer son premier album solo, et possiblement partir sur les routes...
Le châtain rentra chez lui en fin de soirée, afin de retrouver sa fiancée bien aimée. Tout le reste du week-end, Tom essaya vainement de ne pas penser à sa future conversation avec David qui se rapprochait de plus en plus.
Et le lundi matin arriva finalement.
Tom resta appuyé sur sa moto pendant de longues minutes, fumant une cigarette, essayant de retarder au maximum son entretient avec David. Au bout d'une quinzaine de minutes, Tom se décida à rentrer, et se dirigea directement vers le bureau de David. Il frappa trois petits coups à la porte, et entra avant d'y avoir été invité. Autant en finir au plus vite.
« Ah Tomas, c'est toi, entre! »
Tom avança dans la pièce et se laissa tomber dans un des fauteuils face au bureau de David.
« C'est la meilleure maquette que j'ai entendu depuis que je suis dans le métier Tom, c'est génial! » s'exclama joyeusement David.
« C'est vrai? » demanda Tom en relevant la tête.
« Si je te le dis! J'ai attendu samedi matin pour écouter, j'voulais le faire à tête reposée, sans aucun préjugé. Et peut-être qu'il faudra changer l'ordre de certaines chansons pour que ce soit plus harmonieux, mais cet album est super. Y'a de tout dessus! Des balades, des airs entrainants, et des chansons d'amour. Et j'ai beau chercher, je trouve rien à améliorer. On voit que t'as bien bossé ces dernières années... »
« Merci Dave... » déclara Tom timidement.
« De rien! Je le pense! Y'a déjà quasiment plus rien à faire. T'as toutes les heures de studios que tu veux pour tout ré-enregistrer de façon professionnelle, et ensuite, si c'est ce que tu veux, je me charge de gérer la promo qui te permettra de partir sur les routes au plus vite... »
« Ce serait génial... »
Les deux hommes se levèrent d'un même mouvement, et alors que Tom allait sortir de la pièce, David le retint pour une accolade, et Tom ne put s'empêcher de lui glisser un merci bourré de sincérité au creux de l'oreille.
[…]
« Bon, le premier single est sorti il y a deux semaines, et il est classé en tête des ventes depuis sa sortie. Tes deux passages à la télé ont eu un succès monstre, et les trois quarts des places pour ta tournée se sont vendue en même pas deux jours, je pense qu'on aurait difficilement pu faire mieux » déclara David en souriant.
Tom ne trouva rien à répondre, et se contenta de sourire à son manageur, les yeux pétillants de bonheur.
« Ca fait longtemps que t'es pas partit en tournée, et là, tu seras tout seul. Il faut pas oublier que tu dois encore faire tes preuves, donc j'ai besoin que tu sois au top niveau. J'ai engagé un coach vocal... »
« Mais je... »
« Non Tom, y'a pas de mais qui tiennent. Si je l'ai fais c'est que t'en as besoin. J'ai remarqué que ta voix avait du mal à tenir certaines fins de phrases, et à ce train là, tu tiendras jamais jusqu'au bout de la tournée... » Expliqua David.
« Okay... » soupira Tom.
« Donc ouais, tu auras plusieurs heures de cours avec lui tous les jours, par ce que mine de rien, la tournée approche plus vite que ce qu'on pourrait croire. »
Tom acquiesça une nouvelle fois, et David repris.
« C'est le meilleur Tom. Alors même s'il est bizarre, et que tu le sens pas, fais avec, et surtout, fais ce qu'il te dit... » termina David.
Tom avait rapidement quitté le bureau après cette conversation avec David. Il n'avait même pas tenté de protester, il savait que tout ce que lui demandait David était pour son bien, et il avait lui même senti lors de ses passages à la télévision que sur la fin de la chanson, il manquait de souffle, et pourtant il n'avait joué qu'une chanson à chaque fois. Il n'avait jamais pris de cours de chant, et c'est certainement ce qui lui faisait défaut aujourd'hui.
Le lendemain, en début d'après-midi, Tom se rendit à l'adresse que David lui avait donné. Il gara sa moto devant la porte de l'espèce de Hangar, frappa à la porte. Aucune réponse ne se fit entendre, et Tom se laissa tomber sur les marches.
Quelques minutes plus tard, un jeune homme, grand, mince, brun, au regard charbonneux passa à côté de lui et pénétra dans le hangar, semblant ne pas remarquer la présence de Tom. Ce dernier laissa passer quelques secondes, et frappa de nouveau à la porte.
« Oui? » cria une voix depuis l'intérieur.
Tom pénétra dans la pièce, et referma la porte derrière lui, n'osant pas avancer.
« Tom Kaulitz, je suppose? » demanda le jeune homme en se tournant vers lui.
Tom se contenta d’acquiescer, et l'autre garçon retira sa veste.
« Désolé pour le retard » s'excusa-t-il. « Mets-toi à l'aise, tu veux quelque chose à boire? » demanda-t-il en se dirigeant vers ce qui semblait être une mini-cuisine. « Café? » proposa-t-il devant la non l’absence de réponse de Tom.
« Non merci » répondit Tom d'une petite voix.
« Okay, comme tu voudras » répondit joyeusement l'androgyne.
Quelques minutes passèrent, le temps que la tasse fut remplie de café, et le coach se tourna de nouveau vers Tom qui n'avait toujours pas bougé.
« Tu sais, t'as le droit de venir t'asseoir, et de retirer ta veste, et poser ton sac aussi... Enfin te mettre à l'aise quoi... » se moqua gentiment le garçon en souriant, parcourant Tom des yeux, et tapotant du plat de la main le canapé sur lequel il était assis.
Tom ne put s'empêcher de rougir, et se dirigea timidement vers le canapé, retirant sa veste, et la posant sur l'accoudoir, avant de s'asseoir, laissant tomber son sac à ses pieds.
Le jeune homme posa sa tasse sur la table basse, et se tourna vers Tom, plongeant ses yeux dans les siens avant de prendre la parole.
« Désolé, j'me suis pas présenté » commença-t-il. « Je m'appelle William Trümper, mais tu peux m'appeler Bill » se présenta le dénommé Bill, tendant sa main vers Tom.
Tom serra la main devant lui, sans relever les yeux, et Bill ne put retenir un petit rire, en sentant la main tremblante et moite de Tom serrer la sienne.
« Wow! » s'exclama-t-il. « Si on m'avait dit un jour que je rendrais le grand Tomi K si nerveux en face de moi, j'y aurais pas cru... » s'esclaffa-t-il.
Tom ne répondit pas, et ses joues rougirent encore plus si cela était possible.
« Okay » soupira Bill « Visiblement j't'intimide un peu plus chaque fois que j'ouvre la bouche, donc j'vais me taire et tu vas chanter... »
Tom releva des yeux perdus vers Bill, et celui-ci lui sourit de façon rassurante avant d'aller s'asseoir sur le petit banc devant le piano à l'autre bout de la pièce.
« Tu chantes ce que tu veux, de préférence un truc que tu connais bien, par cœur, histoire de pas avoir besoin de te concentrer, j'voudrais que tu ne penses à rien... » expliqua Bill.
Bill attendit quelques secondes, et doucement, la voix de Tom s'éleva dans les airs.
« Nobody ever cared as much for me (as much for me), Nobody's touched my heart and healed my pain, You picked up the pieces and put me back together again »
Tom était resté de dos à Bill pour chanter, et il manqua donc le sourire ravi et les yeux pétillants de Bill.
« Tom! » appela Bill. « Tooom ».
Le chanteur releva légèrement la tête, mais ne se retourna pas.
« Toooo-ooom! » insista Bill.
Tom tourna finalement la tête vers lui, et Bill lui fit un petit sourire en coin.
« T'as le droit de me regarder, j'ai jamais mangé personne, et je suis plutôt gentil comme garçon... »
Les joues de Tom rougirent encore une fois, et Bill étouffa un rire.
« Okay » soupira Bill « Tu bouges pas, je reviens... » déclara-t-il avant de monter à l'étage par l'escalier en métal au fond de la pièce.
Tom put entendre le bruit de cartons trainés par terre, et les soupirs de Bill. Quelques minutes plus tard, il entendit le bruit des pas de Bill sur les marches métalliques.
« Tom! » appela Bill.
Tom releva la tête, et lorsque son regard se posa sur Bill, il éclata de rire.
L'androgyne portait une énorme salopette en jean beaucoup trop grande pour lui, et ses cheveux étaient recouverts d'une espèce de perruque multicolore qui ressemblait plus à une choucroute qu'autre chose.
Bill porta sa main à son visage, et retira son faux nez rouge en plastique avant de sourire à Tom.
« Bien, maintenant que tu m'as vu dans cet accoutrement, j'pense que tu pourras jamais être plus ridicule que je ne le suis maintenant, donc je ne veux plus te voir baisser les yeux devant moi, rougir ou quoi que ce soit d'autre, c'est clair? » demanda fermement Bill tout un gardant un sourire espiègle sur son visage.
Tom acquiesça en souriant.
« Je remonte me changer, sers toi un café en attendant si tu veux » déclara Bill.
« Non » le coupa Tom en se levant et en se dirigeant vers Bill.
« Quoi? »
« Reste comme ça! »
« Pardon? »
« Ouais, je trouve que ca te va bien » rigola Tom.
Bill hésita quelques secondes, et accepta finalement.
« Okay, mais tu devras faire tout ce que je dis, et m'inviter à boire un verre après... »
« C'est noté » répondit Tom.
[…]
Trois heures plus tard, Bill avait retrouvé son apparence habituelle. Ses longs cheveux noirs où se perdaient quelques dreads blanches étaient soigneusement lissés autour de son visage, ses yeux étaient joliment maquillés de noirs, et ses vêtements avaient retrouvé une taille habituelle de son point de vue, serrés près de son corps, l'affinant encore plus.
Les deux jeunes hommes étaient assis à une table dans un petit café peu fréquenté, et faisaient connaissances, échangeant anecdotes, souvenirs et blagues.
« Et donc, comment t'es devenu coach vocal? » demanda curieusement Tom.
« Oh... Comme ça... J'ai toujours aimé chanter, et d'après les gens autour de moi, j'ai toujours très bien chanté. Quand j'étais gamin, j'voulais vraiment être chanteur, ça m'faisait rêver. J'ai pris des cours de chant, appris toutes les techniques, parce que ça me plaisait vraiment... Et puis un jour j'ai dû monter sur scène. Rien d'exceptionnel hein, juste pour un spectacle de fin d'année au collège, et ça m'a traumatisé, le regard des gens et tout... Du coup, j'ai laissé tomber l'idée de devenir chanteur professionnel, mais j'voulais continuer de chanter, et éventuellement apprendre à chanter... » expliqua Bill.
« Attends! T'es en train d'me dire que toi t'as été traumatisé sur scène quand t'étais petit, et tu m'a fais tout un speach y'a même pas trois heures, juste par ce que j'étais timide? » demanda Tom en rigolant.
« C'est pas pareil! Je suis censé t'aider à ce que ton retour sur scène se passe le mieux possible... Si t'es gêné de chanter devant moi, qu'est ce que ce sera devant dix milles personnes? »
« Mouais... » soupira Tom peu convaincu.
« D'ailleurs, pourquoi t'étais aussi gêné? J'ai fais ou dit quelque chose? » demanda Bill sérieusement, cherchant à comprendre.
« Non, c'est juste que... »
« Que quoi? » insista Bill.
« Que je suis pas à l'aise. Je pouvais pas prévoir comment t'allais réagir. A l'époque de B. Perfect, on avait beaucoup de fans, c'est vrai, mais on avait aussi énormément d'antis... Et les personnes du métier ne nous ont jamais pris très au sérieux. Comment tu voulais que je sois décontracté, sachant que t'allais peut-être me rire au nez, me dire d'aller me faire foutre, où que sais-je encore... Les gens ont pas toujours étaient très tendres avec nous, j'ai juste appris à me protéger, histoire de pas trop morfler... Et je suis un grand timide dans l'âme de toutes façons, y'a que sur scène que j'me sens à peu près à l'aise... »
« Je vois... Mais pour ton information, je suis pas du genre à avoir des préjugés » répondit Bill, un sourire amusé sur le visage.
Ils restèrent silencieux plusieurs minutes, et Tom reprit finalement la parole.
« Et tu fais autre chose dans la vie? Fin j'veux dire tu fais surement autre chose à côté, que coach vocal... » demanda Tom en s'embrouillant lui-même.
Bill éclata de rire, et Tom le trouva extrêmement mignon.
« Je suis prof dans un collège » répondit finalement Bill.
« Prof de quoi? » demanda Tom surpris.
« De musique évidement! » rigola Bill.
[…]
Ils continuèrent à discuter ensemble pendant plusieurs heures, et se quittèrent finalement quand Bill annonça qu'il devait rentrer pour préparer ses cours du lendemain.
Le lendemain, alors qu’il attendait appuyé sur sa moto depuis de nombreuses minutes, Tom se demanda s’il était dans les habitudes de Bill d’être en retard. Son coach lui avait dit la veille de venir vers dix-sept heures trente, puisqu’il terminait de donner son dernier cours de la journée à dix-sept heures.
Il était dix-huit heures quarante cinq, et Tom n’avait pas aperçu ne serait-ce qu’un bout de cheveux de Bill. Il était en pleine réflexion, cherchant à décider s’il devait partir ou non quand un taxi se gara devant la porte du hangar, près de Tom.
La porte s’ouvrit, et Bill descendît, rapidement suivit d’un chien qu’il tenait en laisse. Tom se redressa et s’avança vers Bill.
« Oh Tom, t’es là… »
« Il est sept heures moins quart, tu m’avais dis de venir à cinq heure et demi… » Soupira Tom.
« Désolé, je pensais pas rester aussi longtemps chez le vétérinaire… » L'androgyne.
Il fit tourner sa clé dans la serrure et poussa la porte d’un coup d’épaule.
« Rentre » déclara-t-il à l’adresse de Tom.
Tom passa devant lui, et Bill se baissa pour prendre le chien dans ses bras.
« Viens là mon bébé » murmura-t-il en collant son visage
Bill referma la porte d'un coup de pied, et s'avança vers le canapé, afin d'y déposer l'animal.
« Je savais pas que t'avais un chien » déclara Tom en se penchant vers le chien pour le caresser au niveau du cou « C'est quoi comme race? » demanda-t-il en relevant les yeux vers Bill.
« J'en sais rien, je l'ai que depuis trois jours. Je l'ai recueillie dans la rue, elle était vraiment dans un sale état, je l'ai direct amenée chez le vétérinaire, et il m'a appelé tout à l'heure pour que j'aille la chercher... » répondit Bill en se relevant.
Il fouilla dans son sac pendant quelques secondes, et en ressortit ce que Tom identifia comme un carnet de santé.
« C'est un croisé entre un labrador et un braque allemand d'après le véto » annonca Bill en feuilletant les pages. « Et il m'a appris qu'elle était enceinte, enfin « pleine » comme il a dit, et que c'est probablement pour ça qu'elle s'est retrouvé à la rue, pleine de blessures... » termina-t-il en s'agenouillant devant le canapé.
Il passa son doigt sous l'oeil de la chienne, et Tom remarqua une petite coupure.
« Tu vas rester ici maintenant » murmura Bill son visage près du museau de l'animal. « Et j'te promets que plus jamais personne te fera du mal... Tu seras heureuse ici, hein ma Lucy! »
La chienne jappa de façon mignonne, et Bill se releva.
« On s'y met? » appella Bill depuis le piano.
« Lucy? » demanda Tom ignorant la question.
« Oh euh ouais » soupira Bill, ses joues rougissant légérement, ce qui ne manqua pas d'échapper à Tom.
« C'est toi qui a décidé de l'appeler comme ça? » demanda-t-il.
« Oui, bon ça va! Oui c'est en rapport avec ta chanson, et va pas te faire de film, c'est juste que comme j'étais en retard, je pensais à toi en train d'attendre, et c'est le premier prénom qui m'est venu à l'esprit... Vas-y, c'est bon, tu peux rire! » grogna Bill de façon bougonne.
« Non, j'me moque pas, j'trouve ça mignon. Tant que t'appelle pas ton chien Tomi, ça me va... »
« C'est une chienne, alors non... Ca aurait été un mal, j'dis pas... » rigola Bill. « Allez viens par là que j'te fasse bosser un peu, sinon c'était vraiment pas la peine d'attendre devant... »
Après une petite heure passée à chanter, la voix de Tom commença à s'essouffler, et de rage, Tom donna un coup de pied dans le mur.
« Wow! Je sais que c'est pas hyper luxueux, mais si tu pouvais faire en sorte d'éviter que mon mur ne s'effondre, j't'en serais éternellement reconnaissant » siffla Bill.
« Désolé » répondit Tom, penaud. « Mais putain, j'vais jamais y arriver, je suis censé chanter pendant deux heures sur scène, et là j'tiens même pas une heure... Autant tout annuler... De toutes façons, je savais que c'était une mauvaise idée, je suis qu'un bon à rien, ma mère avait raison... Et... »
« STOOOOOP » s'exclama Bill. « Arrête de t'apitoyer, je déteste ça. Si je pensais que t'étais bon à rien, je perdrais pas mon temps avec toi. Et si t'avais rien à apprendre, tu serais pas ici... Et... TOM! Regarde-moi quand j'te parle... » souffla Bill.
« Pardon... »
« Et arrête de t'excuser tout le temps. C'est la première séance, c'est normal qu'il te reste encore des choses à apprendre et des progrès à faire... »
« J'y arriverais jamais... » soupira le chanteur.
« On continuera demain, ça sert à rien de trop forcer sur ta voix... » expliqua le coach, et il se leva de son tabouret. « Tu restes manger? »
« Non, j'veux pas déranger... »
« Si ça me dérangeait, je t'aurais pas proposé. Des spaghettis bolognaises ça te va? »
« Parfait» sourit Tom « Mais j't'aide à les faire... »
[…]
Ils avaient cuisiné ensemble, puis s'étaient installés à table afin de déguster leur repas. Ils s'étaient échangé leur numéro, afin que l'incident de la journée ne se reproduise plus. Et puis finalement, aux alentours de vingt deux heures, Tom était rentré chez lui après une poignée de main à Bill, et une caresse derrière l'oreille de Lucy.
Le samedi matin, le lendemain, le portable de Bill sonna à dix-heure pétantes, et il grogna avant de l'attraper sur sa table de nuit.
« Allo » chouina-t-il, la voix enrouée de sommeil.
« Bill, désolé de te déranger, c'est Tom. »
« Hum? »
« Tu penses que je pourrais passer ce matin? Je sais que j'm'incruste, et que je suis encombrant, mais la tournée est dans trois semaines, et je dois absolument être préparé, j'ai pas fermé l'œil de la nuit, et... »
« Tooooom! Pourquoi tu fais toujours des phrases de trois kilomètres de longs, j'te jure que c'est fatiguant dès le matin... » grogna Bill.
« Désolé... » s'excusa la voix de Tom.
« Et arrête de t'excuser... »
« Pardon... »
« TOM! »
« J'me tais... » souffla le-dit Tom, faisant sourire Bill derrière son téléphone.
« Passe quand tu veux Tom » murmura Bill avant de raccrocher et d'enfouir sa tête dans l'oreiller.
Lorsqu'une quarantaine de minutes plus tard, son portable vibra sous l'oreiller, Bill sursauta. Il frotta ses yeux endormis avec ses poings, et lu le message qu'il venait de recevoir.
« Je suis devant chez toi. J'ai sonné mais tu réponds pas... »
« Merde! » grogna Bill.
Il repoussa sa couette d'un geste brusque, enfila un vieux jogging par dessus son boxer et se hâta dans les escaliers, manquant de peu de tomber. Il traversa la pièce, et ouvrit la porte de sa main gauche, la droite étant perdue dans ses cheveux emmêlés.
« Désolé » s'excusa-t-il directement auprès de Tom. « J'me suis rendormi après ton appel ».
Le propriétaire des lieux ferma la porte, et se dirigea vers une porte que Tom n'avait jamais vu ouverte.
« Fais comme chez toi, j'en ai pour dix minutes, j'ai besoin d'une douche » déclara l'androgyne en refermant la porte derrière lui.
Tom observa l'espace autour de lui plusieurs minutes. Bill lui avait dit avoir récupéré ce hangar dans un état lamentable, en accord avec le prix plus que modeste qu'il avait payé pour l'avoir, et il réalisa qu'il en avait fait un endroit absolument génial. C'était accueillant, bien aménagé, décoré avec goût. Tout était ouvert, excepté la salle de bain, ce qui donnait une impression de grandeur à la pièce principale.
Le chanteur baissa les yeux et son regard croisa celui de la chienne, allongée sur le tapis, entre le canapé et la table basse. Il s'assit en tailleur, et commença à caresser la chienne derrière les oreilles. La chienne se leva, et jappa joyeusement autour de Tom, le faisant rire. Il joua avec Lucy pendant une quinzaine de minutes, et voyant que Bill ne se montrait toujours pas, il se leva, et alla s'assoir devant le piano.
Naturellement, sans qu'il ait besoin de trop réfléchir, ses doigts parcoururent les touches noires et blanches, se laissant porter par la mélodie qui résonnait dans la tête de Tom. Il se laissa envahir par les souvenirs, fermant les yeux, ses doigts courant toujours sur le clavier.
Il sursauta et arrêta brusquement de jouer quand il sentit la main de Bill sur son épaule. Il se retourna vivement.
« Je savais pas que tu jouais du piano » déclara-t-il en s'asseyant sur le minuscule morceau de banc qu'il restait. Tom tourna la tête vers lui et déglutit.
Bill était uniquement vêtu d'une serviette enroulée autour de ses hanches. Son torse était encore humide, et de fines gouttes d'eau tombaient de ses cheveux chaque fois qu'il esquissait un mouvement. Tom le trouva particulièrement bandant, c'était le mot. Et il bandait presque en réalisant que s'il tirait un tout petit peu sur le pan de la serviette, Bill se retrouverait entièrement nu devant lui. Il déglutit une nouvelle fois avant de se forcer à regarder les touches du piano.
« Y'a beaucoup de choses que tu ignores sur moi... Tu devrais aller t'habiller, tu vas attraper froid, et plus vite tu seras habillé, plus vite on pourra commencer... »
« Oh ouais, désolé, j'ai pas vu le temps passer, j'me suis un peu éternisé »
« Si peu » ironisa gentiment Tom alors que Bill grimpait déjà les marches de l'escalier.
Il s'empêcha une fois de plus de mater Bill, et ses jambes à moitié nues, et se reconcentra sur le piano. Il tapota les touches distraitement jusqu'à ce que Bill redescende.
« Bon, le problème c'est ta respiration, pas ta voix, donc je vais t'apprendre les techniques de respiration, okay? »
Tom acquiesça, et Bill lui demanda de se mettre debout, prenant sa place sur le banc.
« Vas-y, commence à chanter... »
Tom s'exécuta, et alors qu'il attaquait le premier refrain de la chanson, la main de Bill vint se poser sur son ventre. Il s'écarta vivement en frissonnant.
« Wow, qu'est qui t'arrive? » demanda le coach.
« Rien rien, c'est juste... euh... »
Le regard de Bill se fit insistant, et Tom repris.
« Bill, faut que j'te dise un truc pour qu'on puisse continuer à bosser ensemble. J'espère que ca changera rien entre nous, parce qu'on s'entend vraiment bien, et ça me ferait vraiment chier que ce soit plus le cas à cause de ce que je vais te dire, mais... »
« Mais? »
« Je suis gay... »
« Et? »
« Et... Et j'te trouve vraiment à mon goût putain! J'pourrais pas ne rien faire si j'te vois encore sortir de la douche avec juste une serviette, et si tu me touches trop, tout ça... » s'expliqua Tom de façon confuse, le rouge aux joues.
« Peut-être que ça me dérangerait pas que tu ne fasses pas rien » répondit Bill, amusé.
« Quoi? » s'exclama le chanteur.
« Quoi quoi? J'ai rien dit moi! T'entends des voix Tomi » rigola le coach.
Tom grogna au surnom, et se remit finalement à chanter sous l'ordre de Bill. Ce dernier reposa sa main sur son ventre, beaucoup plus bas que la fois précédente, et il caressa la peau par dessus le tissu du tee-shirt. Les caresses durèrent quelques secondes, jusqu'à ce que Bill passe un doigt sous le tee-shirt et que Tom le repousse.
« Tu fais quoi là? » s'exclama-t-il vivement.
« Ben j'étudiais ta respiration, pour voir ce qui allait pas... »
« Avec ta main sous mon tee-shirt? » demanda Tom ironiquement.
« Ouais, pour mieux sentir » rigola Bill.
Soit Tom se faisait des films, soit Bill était réellement en train de lui faire une espèce de rentre dedans depuis qu'il savait qu'il était gay.
[…]